Être seul. Deux mots qui font frémir plus d’une personne. La solitude est perçue comme inquiétante, voire effrayante par beaucoup d’entre nous. Mais lorsque cette peur vire à l’obsession, on parle alors d’autophobie.
Table des matières
Qu’est-ce que l’autophobie?
Le terme autophobie tire ses origines du grec autos (« soi-même ») et phobos (« peur »). L’autophobie désigne donc la peur d’être seul avec soi-même.
Concrètement, l’autophobe éprouve une angoisse profonde à l’idée de se retrouver en tête-à-tête avec lui-même. Solitude rime avec détresse intense, attaques de panique, pensées angoissantes voire suicidaires.
Quels sont les symptômes?
Différents signes physiques, psychiques et comportementaux permettent de repérer l’autophobie:
- Palpitations cardiaques
- Bouffées de chaleur
- Hyperventilation
- Sensation d’étouffement
- Nausées, vomissements
- Pensées anxieuses, ruminations
- Peur de mourir seul
- Peur du suicide
- Évitement absolu des situations de solitude
- Entourage constant et activités incessantes
Vous l’aurez compris, la vie de l’autophobe tourne autour d’une obsession: ne surtout pas se retrouver livré à lui-même.
D’où vient cette peur panique de la solitude?
Si les causes de l’autophobie demeurent mal connues, certains facteurs de risque ont été identifiés:
- Antécédents de troubles anxieux
- Faible estime de soi
- Traumatismes / blessures narcissiques
- Surprotection parentale
- Deuil / abandon dans l’enfance
En somme, toute expérience ayant conduit la personne à douter d’elle-même ou à se sentir vulnérable peut potentiellement déclencher ce trouble.
Quel est l’impact de cette phobie?
Bien que le caractère irrationnel de leur peur, les autophobes voient leur existence lourdement hypothéquée. Sur le plan:
- Social: isolement, difficultés relationnelles
- Professionnel: absentéisme, problèmes de concentration
- Familial et conjugal: dépendance affective, conduites de réassurance
À force de lutter contre eux-mêmes, nombre d’autophobes sombrent dans la dépression et l’épuisement. Le risque suicidaire n’est pas rare chez ces personnes rongées par le sentiment de vide.
Comment vaincre sa peur panique de la solitude?
Heureusement, il est possible de vaincre l’autophobie et de renouer avec soi-même. Tour d’horizon des pistes thérapeutiques validées pour retrouver une sérénité intérieure.
La thérapie cognitivo-comportementale
Approche de référence dans le traitement des troubles anxieux, la TCC s’avère particulièrement indiquée face à l’autophobie. Son objectif? Aider le patient à modifier ses perceptions erronées vis-à-vis de la solitude.
Concrètement, le thérapeute utilise deux types de techniques:
- La restructuration cognitive: identifier les pensées anxieuses et les remplacer par des pensées plus réalistes
- L’exposition: confronter progressivement le patient aux situations redoutées (être seul) pour lui prouver qu’elles ne sont pas dangereuses
Grâce à ce « déconditionnement », l’autophobe réalise que la solitude n’est pas synonyme de mort imminente. Ses peurs perdent en intensité et laisse place à un certain lâcher-prise.
La psychanalyse
Contrairement à la TCC qui cible les symptômes, la psychanalyse s’intéresse à leurs racines inconscientes. Lors de séances régulières, le patient est invité à verbaliser ses pensées et émotions les plus profondes.
Petit à petit, cette expression libre et non jugée permet de lever certains nœuds psychiques à l’origine du trouble. Comprendre d’où vient sa peur panique de la solitude peut aider à la dépasser.
Les thérapies brèves
D’une durée plus courte que la TCC ou la psychanalyse, les thérapies brèves offrent une alternative intéressante. On peut notamment citer:
- L’EMDR: pour traiter les souvenirs traumatiques
- L’hypnose: pour accéder à son inconscient et modifier certaines perceptions
- La sophrologie: pour réduire l’anxiété et restaurer l’estime de soi
Ciblées et rapides, ces approches complètent efficacement des techniques de restructuration cognitive.
Le développement personnel
En parallèle d’une prise en charge thérapeutique, le développement personnel offre de précieux outils pour combattre l’autophobie au quotidien.
Méditer, tenir un journal, s’adonner à sa passion… Autant d’activités qui, à force, permettent de renouer le dialogue avec soi-même et de trouver un certain apaisement.
Redorer son blason intérieur, cultiver la pleine conscience, pratiquer la visualisation… Les techniques pour retrouver confiance sont nombreuses. Il suffit de trouver celles qui nous correspondent.
Témoignages
Avant de conclure, laissons la parole à deux autophobes guéries. Leurs témoignages nous rappellent qu’il est possible de surmonter cette peur irrationnelle de soi-même.
Jeanne, 35 ans:
« Pendant des années, je ne supportais pas d’être seule plus de 5 minutes. Dès que mon copain partait, j’appelais une amie pour passer la soirée avec elle. Sinon, c’était la crise de panique assurée. Grâce à une TCC, j’ai progressivement réussi à rester seule de plus en plus longtemps. Au début, c’était extrêmement angoissant. Mais en verbalisant mes peurs et en faisant des exercices de relaxation, je parvenais à tenir le coup. Aujourd’hui, je peux passer une soirée ou un weekend seule sans angoisse. C’est une vraie victoire ! »
Louis, 28 ans:
« Adolescent, j’avais très peur du noir et des « monstres » que je croyais voir en fermant les yeux. À 20 ans, ma hantise était devenue la solitude. Sortir de chez moi ou de mon bureau me rendait malade tellement j’appréhendais de me retrouver seul. J’ai fait une psychanalyse pendant 3 ans pour comprendre d’où venait ce besoin maladif d’être entouré. En parlant de mon enfance, j’ai réalisé à quel point j’avais manqué d’attention de la part de mes parents. Aujourd’hui âgé de 28 ans, je peux affirmer que je suis guéri de ma peur panique de la solitude. Même si cela reste parfois difficile, j’arrive à trouver une certaine sérénité en ma propre compagnie. »