Comprendre les phobies : des peurs irrationnelles qui paralysent

Les phobies sont des peurs irrationnelles et persistantes face à des objets ou des situations spécifiques. Elles peuvent concerner à peu près n’importe quoi : les hauteurs, les araignées, l’obscurité, les aiguilles, les ballons, etc.

Ces peurs excessives sont enracinées dans notre cerveau émotionnel, l’amygdale, plutôt que dans notre cortex cérébral rationnel. L’amygdale déclenche des réactions de stress intense face à ce qu’elle perçoit comme un danger, même lorsqu’il n’y a objectivement aucune menace réelle.

Les phobies se développent souvent suite à un événement traumatisant vécu dans l’enfance. Par exemple, une personne ayant été mordue par un chien étant petit pourrait développer une cynophobie, la peur pathologique des chiens.

Mais les phobies peuvent aussi apparaître sans raison apparente à l’âge adulte. Dans ce cas, elles résulteraient d’une prédisposition génétique à l’anxiété ou de facteurs neurobiologiques.

Les différents types de phobies

On distingue trois grands types de phobies :

  • Les phobies spécifiques, comme l’arachnophobie (peur des araignées), l’acrophobie (peur des hauteurs) ou la cynophobie (peur des chiens). Ce sont les plus courantes.
  • La phobie sociale ou anthropophobie, caractérisée par une peur intense et chronique d’être jugé par les autres dans les situations sociales.
  • L’agoraphobie, une angoisse de se retrouver dans des endroits publics, de peur de ne pas pouvoir en sortir en cas de crise de panique.

Les phobies s’accompagnent toujours d’un comportement d’évitement de leur objet. Un arachnophobe fera tout pour ne pas s’approcher d’une araignée. Cet évitement, s’il devient trop envahissant, nécessite une prise en charge.

Les symptômes des phobies

La réaction phobique se déclenche à la vue de l’objet ou de la situation redoutée, ou même simplement à l’évocation ou à l’idée de se trouver confronté à cette situation.

Les symptômes peuvent inclure :

  • Une anxiété aiguë pouvant aller jusqu’à la crise de panique, avec palpitations cardiaques, transpiration, tremblements, sensation de suffocation…
  • Des pensées catastrophistes : « si cette araignée me touche, je vais mourir », « si je monte dans cet ascenseur, il va rester bloqué et je vais étouffer »… Ces pensées aggravent l’anxiété.
  • Un comportement d’évitement : la personne fera tout pour ne pas se confronter à la situation redoutée, quitte à restreindre ses activités et avoir une vie sociale appauvrie.

Ces réactions excessives sont éprouvantes et handicapantes au quotidien. Heureusement, il existe des solutions pour vaincre ses phobies !

Comment soigner une phobie ?

Les thérapies les plus efficaces contre les phobies sont les thérapies cognitives et comportementales (TCC). Leur principe est de confronter progressivement le patient à l’objet ou la situation anxiogène, dans un cadre sécurisant.

Cette exposition répétée permet de désensibiliser le cerveau émotionnel. Le patient apprend à gérer son anxiété et à la faire redescendre. Au fil des séances, la peur s’estompe puis disparaît.

Concrètement, cela peut consister pour un arachnophobe à :

  • Regarder des photos d’araignées
  • Se rapprocher d’une araignée dans un bocal
  • Toucher une araignée du bout des doigts avec un gant
  • Laisser une araignée se promener sur sa main

L’exposition en réalité virtuelle est aussi de plus en plus utilisée.

Les TCC aident à désapprendre cette peur irrationnelle profondément ancrée. En parallèle, des techniques de relaxation (cohérence cardiaque, méditation pleine conscience…) permettent de mieux gérer son anxiété. Une vingtaine de séances peut suffire !

Dans certains cas, un traitement médicamenteux temporaire peut être associé. Mais le meilleur remède reste d’affronter sa peur.

Zoom sur 5 phobies intrigantes

La globophobie : quand les ballons font peur

Imaginez : gonfler un ballon ou en tenir un entre vos mains vous remplit d’effroi. C’est ce que vivent les personnes atteintes de globophobie.

Cette peur irrationnelle des ballons concerne aussi bien les petits ballons de baudruche que les gros ballons de fête ou les montgolfières. Le simple fait d’être dans une pièce où se trouve un ballon suffit à générer une vive anxiété.

Cette phobie toucherait environ 1 personne sur 10. Ses causes sont multiples :

  • Un traumatisme lié à un ballon durant l’enfance (un ballon qui éclate au visage par exemple)
  • La peur du bruit produit lorsqu’un ballon explose, qui rappelle un coup de feu
  • L’association inconsciente entre les ballons et le danger d’étouffement

Les symptômes sont similaires aux autres phobies : anxiété intense, pensées catastrophistes, comportement d’évitement des ballons…

Heureusement, l’exposition progressive en thérapie permet de venir à bout de cette peur invalidante des ballons !

La nomophobie : addicts au smartphone

Être loin de son smartphone génère un stress intense, voire de l’angoisse ? Vous souffrez peut-être de nomophobie.

Cette phobie d’être sans mobile, aussi appelée no-mobile-phone-phobia, se caractérise par :

  • L’impossibilité de se séparer de son smartphone.
  • La peur panique de le perdre ou qu’il n’ait plus de batterie.
  • La vérification compulsive des appels manqués, SMS et notifications.

Les nomophobes ressentent un profond malaise dès qu’ils se retrouvent dans une zone sans réseau ou sans leur téléphone à portée de main. Ils se sentent coupés du monde, isolés.

Cette addiction au smartphone touche particulièrement les 15-35 ans. Elle peut nuire aux relations sociales et perturber le sommeil. Des applications permettent de mesurer et limiter son temps d’écran. Mais seule la thérapie comportementale sera efficace sur cette cyberdépendance.

La pupaphobie : ces larves qui terrorisent

Pupaphobie : non, il ne s’agit pas de la peur des poupées ! Mais de la peur panique… des larves. Oui, ces petites asticots blanchâtres qui terrifient les personnes souffrant de cette étrange phobie.

Les symptômes sont similaires aux phobies classiques : anxiété, dégoût, pensées obsédantes à la vue d’une simple photo de larve… Seule solution pour les pupaphobes : éviter soigneusement tout film, image ou situation susceptibles de confronter à ces asticots, ce qui n’est pas chose facile !

Cette peur trouve sans doute ses racines dans l’association primitive que fait notre cerveau entre ces larves grouillantes et la contamination ou la maladie. Une thérapie d’exposition graduelle pourrait aider à venir à bout de cette phobie invalidante.

La chionophobie : quand la neige glace le sang

Qui n’aime pas voir la neige tomber et recouvrir le paysage d’un beau manteau blanc ? Pas les personnes souffrant de chionophobie en tout cas !

Cette phobie de la neige peut se manifester de différentes manières :

  • La peur de sortir quand il neige ou lorsqu’il y a du verglas dehors
  • L’appréhension à l’idée que la neige bloque les accès et empêche de sortir
  • Le dégoût irrationnel de la neige ou de la sensation de froid qu’elle provoque

Ces peurs hivernales handicapantes ont souvent pour origine un traumatisme lié à la neige vécu dans l’enfance.

Une thérapie d’exposition en réalité virtuelle, où le patient serait progressivement confronté à des environnements enneigés, pourrait l’aider à surmonter cette phobie.

L’enissophobie : la peur… de se faire critiquer !

Redouter le regard et le jugement des autres est chose commune. Mais chez certains, cette peur devient envahissante. On parle alors d’énissophobie ou phobie de la critique.

Concrètement, les personnes souffrant d’énissophobie vivent dans la hantise permanente :

  • D’être critiquées ou désapprouvées
  • De faire quelque chose d’incorrect ou d’inapproprié en public
  • D’être rejetées ou humiliées à cause d’un défaut

Cette peur excessive de être jugé négativement conduit à un évitement des situations sociales. Le regard des autres est vécu comme éprouvant.

Là encore, la thérapie d’exposition en groupe peut aider à vaincre cette phobie sociale invalidante.

La phobie scolaire : l’école, un enfer pour certains enfants

La phobie scolaire, aussi baptisée écolophobie ou sidérodromophobie, est une véritable souffrance silencieuse. Près de 2% des enfants en âge d’être scolarisés en souffrent en France. Concrètement, ces enfants sont terrifiés par l’école : ils peuvent ressentir des maux de ventre, vomir, faire des crises d’angoisse… au point de manquer l’école pendant des semaines, voire des mois.

Les causes de l’écolophobie

Cette phobie de l’école trouve sa source dans un mal-être profond et multi-factoriel :

  • Harcèlement de la part d’autres élèves
  • Peur de l’échec scolaire
  • Timidité excessive
  • Situation familiale compliquée

Le simple fait de se rendre à l’école génère une telle anxiété que seule la fuite est envisageable pour l’enfant. Conséquence : un décrochage scolaire et social préjudiciable.

Les signes qui doivent alerter

Certains signes doivent alerter les parents :

  • Vomissements ou maux de ventre le matin avant l’école
  • Pleurs lorsqu’il s’agit de se rendre en classe
  • Repli sur soi
  • Désintérêt pour les apprentissages

La phobie scolaire est handicapante mais se soigne bien. Le danger est de banaliser ces symptômes ou de les confondre avec de la « mauvaise volonté ».

Que faire en cas de phobie scolaire de son enfant ?

Il est essentiel de consulter un psychologue pour enfant dès l’apparition des premiers signes.

Via des entretiens et une écoute bienveillante, le thérapeute cherchera à comprendre l’origine du malaise. Des séances de thérapies brèves permettront à l’enfant de verbaliser ses angoisses et de reprendre confiance. Un travail avec les parents sera également mené.

Dans les cas les plus graves, un projet d’accueil individualisé (PAI) pourra être mis en place, avec un enseignement à domicile quelques heures par semaine dans un premier temps.

En comprenant les racines du trouble, l’enfant pourra progressivement se libérer de cette phobie scolaire et renouer un rapport serein aux apprentissages.

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